Sunday, 14 November 2010

LA FAUTE DE L'ABBÉ COTTARD

Profil

Prêtre traditionaliste responsable d'un camp de scouts marins où cinq personnes ont trouvé la mort, il comparaît les 18 et 19 octobre à Guingamp

Le 22 juillet 1998, quatre scouts marins et un plaisancier venu à leur secours périssaient noyés au large de Perros-Guirec (Côtes-d'Armor). Responsable du camp de vacances, l'abbé traditionaliste Jean-Yves Cottard, 52 ans, va comparaître, les 18 et 19 octobre, devant le tribunal correctionnel de Guingamp pour «homicides et blessures involontaires». Les poursuites pour «non-assistance à personnes en danger» ayant été abandonnées à l'issue de l'instruction, il risque une peine maximale de cinq ans de prison. En jugeant cet homme au visage clos, le tribunal devrait également faire le procès d'une idéologie aveugle, nourrie de valeurs dévoyées telles que la discipline et le dépassement de soi. Car il est acquis, aujourd'hui, qu'au camp de Trédrez-Locquemeau, sous couvert de religion, les 32 scouts du mouvement Marine, éducation, jeunesse de Mantes-la-Jolie étaient devenus les otages d'un système paramilitaire.

Rares sont les témoignages qui ont percé le mur du silence édifié autour de l'abbé Cottard par les milieux intégristes. Deux femmes se sont portées partie civile dans cette affaire. Deux mamans. Celle d'un jeune scout disparu dans le naufrage et celle du plaisancier qui a péri lors de la tentative de sauvetage. C'est peu, par rapport à l'effrayante accumulation d'imprudences recensées dans un rapport d'enquête interministériel mené parallèlement à l'instruction. Six experts des ministères de l'Equipement et des Transports et de la Jeunesse et des Sports ont passé au crible les conditions du chavirement de l'Espadon, le dériveur à bord duquel 7 scouts avaient embarqué alors qu'il est conçu pour 6 personnes. «Coque défectueuse», «Absence de plaque signalétique», «Encadrement non qualifié», «Mauvaise prise en compte des bulletins d'alerte météo»: le rapport égrène les négligences meurtrières et souligne l'incompréhensible délai de sept heures nécessaire aux responsables du camp pour prévenir les secours.

On sait déjà que le témoignage de l'inspecteur général des affaires maritimes qui a dirigé la commission d'enquête sera décisif lors du procès de l'abbé Cottard. Reste une question: face à ces accusations, une lueur de remords traversera-t-elle le masque impassible de l'homme de Dieu?

Par Haget Henri, publié le 14/10/1999


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