L'AGRESSEUR DU PAPE ET DU BATONNIER CONDAMNÉ A BRUXELLES, IL CHANTE LA PHALANGE EN QUITTANT LE PRETOIRE
L'agresseur du Pape et du bâtonnier condamné à Bruxelles
Il chante la Phalange en quittant le prétoire
Pour le jour de sa condamnation devant la 47e chambre correctionnelle flamande, Juan Maria Jesus Fernandes Krohn, auteur d'une tentative d'attentat à l'arme blanche contre le pape Jean-Paul II, à Fatima, en 1982, et auteur d'une gifle au bâtonnier de l'Ordre flamand des avocats de Bruxelles, est passé dès potron-jacquet dans un salon de coiffure. On lui fit une tête d'Iroquois. Il fut le tout premier à l'audience de jeudi matin, et le président Marc de Maleingreau d'Hembise en profita pour se débarrasser séance tenante de ce personnage haut en couleur.
Juan Maria Jesus est condamné d'abord à deux ans de prison avec sursis de cinq ans, pour avoir commis des faux et en avoir usé. On se souviendra que c'est grâce à un faux en écriture par omission que ce sujet espagnol parvint à se faire inscrire au tableau de l'Ordre des avocats flamands de Bruxelles. Il avait sciemment omis de signaler, comme il était requis, qu'il avait fait l'objet d'une condamnation pénale antérieurement: celle dont il avait été frappé au Portugal pour tentative de meurtre sur un chef d'État étranger, en l'occurrence l'attentat contre Jean-Paul II.
Le tribunal ne s'est pas immiscé dans un différend qui avait opposé Juan Maria Jésus à l'un de ses compatriotes. Faute de preuves suffisantes, il est acquitté sur ce point.
En revanche, pour la gifle et les voies de fait dont il s'est rendu coupable à l'égard du bâtonnier Eric Carre, du dauphin Karel Van Alsenoy, et aussi pour la rébellion dont il se rendit coupable à l'égard du gendarme Benoît Gillot qui voulait le conduire à la sortie, Juan Maria Jesus est condamné globalement à six mois de prison avec sursis de trois ans.
Dans ses attendus, M. de Maleingreau d'Hembise a rencontré les réquisitions du procureur Marnix Verbeke et il souligne la nécessité de donner à Juan Maria Jesus Fernandes Krohn un avertissement sérieux. C'est chose faite. Mais le message a-t-il été reçu? L'intéressé nous a fait savoir déjà qu'il avait l'intention d'interjeter appel.
Après la lecture du jugement, Juan Maria Jesus a demandé au président s'il avait bien compris, et que ces deux peines étaient bien assorties d'un sursis. Posément, le président confirme. Juan se dresse alors immense, les mains militairement à la couture du pantalon, et il entonne un vieux chant phalangiste: Isabel y Fernando el espiritu impera... etc.
Le président de Maleingreau n'a même pas sourcillé: il sait comment il faut traiter ce genre de personnage. Ne point exciter. Puis, d'initiative, un gendarme s'est approché, a pris le condamné délicatement par le bras pour l'amener vers la sortie. Juan ne s'est pas rebellé et, toujours droit comme un piquet, il a poursuivi l'hymne franquiste. Et, dès que le gendarme lui eut indiqué la porte de sortie, il a pris ses jambes à son cou.
GUIDO VAN DAMME
VAN DAMME,GUIDO; HANNAERT,PIERRE
Vendredi 17 juin 1994
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