Il y a dix-huit ans, Juan Maria Fernandez Krohn avait tenté d'assassiner Jean-Paul II à... Fatima Le «fou de Dieu» ne tuera plus la «momie blanche»
DELEPIERRE,FREDERIC; PIRAUX,SYLVAIN
Samedi 13 mai 2000
Il y a dix-huit ans, Juan Maria Fernandez Krohn avait tenté d'assassiner Jean-Paul II à... Fatima Le «fou de Dieu» ne tuera plus la «momie blanche»
Radié du barreau flamand de Bruxelles et condamné pour faux, l'homme sera jugé pour un autre attentat, le 24 mai.
A l'arrivée du souverain pontife à Fatima, vendredi soir, les services de police portugais redoublaient de vigilance et de précautions. Lors d'une précédente visite de Jean-Paul II sur les lieux, en mai 1982, un prêtre intégriste espagnol, Juan Maria Jesus Fernandez Krohn avait attenté à sa vie à l'aide d'une baïonnette. Arrêté, il avait été condamné à six ans de prison.
Après avoir purgé trois ans et demi dans un quartier de haute sécurité, l'homme a ensuite tenté un exil en France et en Suisse d'où il a été refoulé. Il a trouvé refuge en Belgique où il a été ensuite condamné pour faux et usage de faux. Licencié en droit, il avait obtenu l'équivalence de son diplôme en Belgique. Lors de sa prestation de serment devant le barreau néerlandophone de la capitale, il avait omis de préciser son passé carcéral. A l'issue du procès, il avait entonné un chant franquiste à la surprise générale...
Sans nouvelle de Fernandez Krohn ces derniers jours, la police portugaise a fait appel à Interpol. A croire l'agence de presse lusitanienne, l'homme avait disparu de Bruxelles. Il aurait quitté son domicile sans laisser d'adresse. Pour réitérer son geste de 1982 sur les mêmes lieux?
Pas du tout. Juan Maria Fernandez Krohn était bel et bien présent à son domicile ixellois, vendredi après-midi. Il n'est absolument pas dans mes intentions de commettre la même erreur stratégique. Je l'ai fait à cause de mon éducation catholique sociologiquement monolithique. J'attends tout simplement la mort de la momie blanche ou alors son remplacement. Après près de 20 ans de persécution, j'ai eu le temps d'affiner mon raisonnement, réagit Juan Maria qui ne s'est pas pour autant rallié à la cause de Jean-Paul II. Mais le geste posé à Fatima m'a libéré.
Ce pape se veut l'incarnation de Dieu sur Terre et veut tout conquérir. Il pratique le viol de conscience et joue sur la doctrine de la provocation. Même la majorité des catholiques ne l'accepte plus. Pour moi, Jean-Paul II est un conquérant spirituel.
Ancien prêtre qualifié d'intégriste, Juan Maria Fernandez ne se dit plus catholique. Sa quête spirituelle, il dit la retrouver dans sa mémoire historique. Ses velléités au sujet du pape, il ne les a pas rangées au vestiaire. Je prépare un livre dans lequel j'analyse tous les voyages du pape depuis son intronisation. Notamment celui de 1995 en Belgique. Ce fut un Waterloo puisqu'il n'y avait que 30.000 personnes. J'avais d'ailleurs annoncé que je serais son Wellington, à cette occasion, poursuit Fernandez. Durant la durée du voyage, j'ai été entouré de policiers qui suivaient tous mes faits et gestes.
Depuis lors, «le fou de Dieu», comme il s'était baptisé, a lancé deux publications dont l'une dénonce les problèmes de terrorisme au Pays basque espagnol, l'un de ses chevaux de bataille. A tel point que le 24 mai prochain, Juan Maria comparaîtra devant le tribunal correctionnel de Bruxelles pour un attentat commis contre un local du mouvement Herri Batasuna, l'aile politique de l'ETA, à Bruxelles. Je l'ai revendiqué au début mais ce n'est pas moi. La seule preuve que la justice a en main, c'est une bouteille de bière trouvée chez moi: elle est de la même marque que celle trouvée sur les lieux. Le seul témoin refuse toute confrontation.
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